ArtExpos
Pour l’amour de l’art !
Constantin BRANCUSI
(Exposition du Centre Georges Pompidou du 27 mars au 1er juillet 2024).
Elle a présenté plus de 120 sculptures, des photographies, des dessins, des correspondances, des documents d’archives et des films de l’artiste qui permettent de découvrir toutes les dimensions de la création de cet artiste considéré comme l’inventeur de la sculpture moderne.
L’exposition dresse un panorama de la carrière de Brancusi, depuis ses débuts à Paris en 1904 jusqu’à ses œuvres emblématiques comme Le Baiser, en passant par des pièces controversées comme Princesse X de 1920. Plutôt que de suivre une chronologie stricte, l’exposition se concentre sur la démarche créative de l’artiste, en mettant en avant différentes versions d’une même œuvre pour illustrer son processus de création.
Trois sculptures emblématiques de Brancusi :
Le Baiser (1907)
Muse endormie (1910)
L’oiseau dans l’espace (1941)
Un parcours entre figuration et abstraction
Le parcours de l’exposition débute avec Le Coq, un plâtre blanc placé sur un socle blanc élevé dans un environnement entièrement noir. Ce premier espace, conçu comme un tunnel obscur, est ponctué de photographies de Brancusi au travail dans son atelier de l’impasse Ronsin.
Le visiteur émerge ensuite dans un espace lumineux où un groupe de trois Coqs monumentaux, chacun sur son socle blanc, forme une composition saisissante.
Le parcours se poursuit avec deux salles sombres qui mettent en lumière les influences sur la créativité de Brancusi.
La première salle met en écho ses œuvres avec des sculptures antiques et contemporaines, telles que Le Sommeil de Rodin (1894) et Le Sommeil de Brancusi (1908), ou encore la sculpture cycladique Tête de Kéros (2600 av. J.-C.) et La Muse Endormie (1910) de Brancusi.
Le Sommeil – Rodin (1894)
Tête de Kéros (2600 av. J.-C.)
La seconde salle présente en arc de cercle des documents d’archives, dessins, peintures (comme le portrait de Brancusi par Kokoschka), ainsi que des films et témoignages sur la vie et les influences de l’artiste. En vis-à-vis, une reconstitution de l’atelier de Brancusi, légué à l’État et conservé par le Centre Pompidou, complète cette section.
Après cette immersion dans l’obscurité, le visiteur revient à la lumière pour découvrir des groupes d’œuvres : têtes de femmes, torses d’hommes, figures oblongues, ainsi qu’un bestiaire comprenant cygnes, oiseaux et phoques. Cette présentation thématique, plutôt que chronologique, permet d’appréhender le passage de la figuration à l’abstraction dans le travail de Brancusi.
Le socle, support, œuvre, totem, clair sur sombre
Pièces de bois brut, tabourets, socles, colonnes, matériaux ou artefacts jouent un rôle essentiel dans la présentation des sculptures. Un exemple marquant est Le Crocodile (1924), présenté sur un socle en bois brut, qui confère une valeur spirituelle à l’ensemble. Ainsi, le socle traditionnellement objet de mise en valeur de l’œuvre, participe-t-il à l’œuvre, pour devenir œuvre à part entière. Tel est le cas des différentes Colonne sans fin constituées d’ajouts verticaux successifs de supports posés à l’endroit » puis « à l’envers ». Le Baiser est un autre exemple emblématique, avec ses multiples versions réalisées à partir d’un bloc unique, épuré à l’essentiel.
Brancusi place la plupart de ses sculptures sur des socles, notamment en bois taillé, dont plusieurs figurent dans son atelier.
Anecdote
En 1926, lors de son transport aux États-Unis, L’Oiseau dans l’Espace est confisqué par les douaniers américainsqui suspectent une tentative de fraude pour éviter les droits de douane en faisant passer une hélice d’avion pour une œuvre d’art. Le procès qui s’ensuit soulève la question de la définition d’une œuvre d’art. Deux ans plus tard, le juge donne raison à Brancusi, affirmant que les artistes « tentent de représenter des idées abstraites plutôt que d’imiter des objets naturels. »
Quelques œuvres de Brancusi
Danaïde (1908-1909)
La timidité (1917)
La sorcière (1916-1924)
Maïastra (1923-1940)
Autres œuvres
Etude pour le portrait de Mme Eugene Meyer (1916-1933)
Plante exotique (1923-1924)
Portrait de Nancy Cunard (1928)
Bois forme (1920-1930)
Quelques repères biographiques
Né en 1876, en Roumanie dans une famille de paysans aisés, mort en 1957, à Paris
1894-1901 : étude d’art en Roumanie
1903-1905 : voyage à pied pour venir à Paris
1905-1907 : étudie à l’École nationale supérieure des beaux-arts, travaille dans l’atelier de Rodin
1905-1957 : vit et travaille dans son atelier impasse Ronsin jusqu’à sa mort en 1957 ; Brancusi obtient la nationalité française en 1952.
Sculpteur privilégiant la taille directe, œuvres à l’esthétique pure et stylisée, travaille sur des séries d’œuvres aux multiples variantes telles des formes ovales telles La muse endormie, des formes étirées telles L’oiseau dans l’espace ou Le coq, des socles et totems telle Borne-Frontière…