ArtExpos

Pour l’amour de l’art !

Chefs-d’oeuvre de la Galerie Borghèse

158 boulevard Haussmann 75008 Paris

Tous les jours de 10 h à 18 h, vendredi jusqu’à 22 h

Pour sa réouverture, le Musée Jacquemart-André propose une remarquable exposition de chefs-d’œuvre de la Galerie Borghèse.  Une immersion dans  une partie de la somptueuse collection  du cardinal Scipione Borghèse qui a réunit les œuvres des artistes de son époque, la Renaissance. On retrouve des toiles de grands maîtres comme Caravage, Botticelli, Raphaël, Andrea del Sarto, Titien, Bernin, etc.  Le Musée Jacquemart-André et la Galerie Borghese ont conclut un partenariat exceptionnel nous permettant d’accéder pendant la période de travaux du musée italien à des œuvres presque jamais prêtées. 

  • Salle par salle, une visite guidée de l’exposition
  • Le cardinal Scipione Borghèse, un collectionneur avisé et impitoyable
  • Courtes biographies d’artistes de la Renaissance
  • Le Musée Jacquemart-André , une histoire de collectionneurs avisés

Salle par salle, visite guidée de l’exposition

Entrée dans l’exposition

La salle d’accueil de  l’exposition constitue une véritable mise en condition des visiteurs auxquels elle présente la collection Borghèse.

Une  vidéo projetée en boucle dresse l’historique de la constitution de cette collection et de la personnalité Scipion Borghèse, ses goûts, son pouvoir, son avidité, son absence de scrupule.

Quatre petites sculptures du Bernin, artiste très proche de son mécène, complètent cette introduction. Deux sculptures portraits démontrent le génie de l’artiste à exprimer la personnalité de ses sujets. Deux sculptures à thème mythologique  mettent en évidence la culture de l’artiste et évoquent ses grandes œuvres restées à la villa Borghèse, telles L’enlèvement de Proserpine  ou Apollon et Daphnée

Bernin – Buste du Pape Paul V (vers1622-1623)

Bernin – Neptune avec un dauphin (1598-1580)

Bernin – La chèvre Amalthée avec  Jupiter enfant et un faune (1614-1615)

Bernin – Buste de Grégoire XV (1622)

Salle 1

A l’entrée de la première salle, le visiteur est confronté à trois portraits, le célébrissime Garçon à la corbeille de fruits de Caravage, tout en sensualité et ambigüité, entouré de deux toiles du Bernin, un Autoportrait à l’âge mûr et celui d’un jeune garçon.

Caravage – Garçon à la corbeille de fruits (1596)

Bernin – Autoportrait à l’âge mûr (1638)

Bernin – Portrait d’un jeune garçon (1623)

A droite deux œuvres profanes représentants des concerts font face à trois peintures religieuses de style caravagesque à gauche, dont une magnifique Loth et ses filles et une extraordinaire Cène de Jacopo Bassano, véritable répertoire d’expressions et de physionomies. La scénographie de présentation des œuvres propose de véritables jeux de miroir, tant les échos entre les œuvres  se répondent et rebondissent de l’une à l’autre.

Gerrit van Honthorst – Concert (Le vol de l’amulette) (1620-1530)

Lionello Spada – Concert (1615)

Giovanni Francesco GUERRIERI – Loth et ses filles (1637)

Jacopo Bassano – La Cène (1547)

Salle 2

Dès le seuil de la deuxième salle, le visiteur fait face au tondo de la merveilleuse  Vierge à l’Enfant avec saint Jean Baptiste et six anges de Sandro Botticelli. La grâce du dessin et l’équilibre des couleurs, de la structure et des formes fascine le regardeur. Lui faisant face La prédication de saint Jean-Baptiste de Véronèse tempère la douceur statique du tondo. Il y répond sur un mode dynamique grâce à une construction tout en obliques et une harmonie des couleurs.

Sandro Botticelli – Vierge à l’Enfant avec saint Jean Baptiste et six anges (1488)

Véronèse – La prédication de saint Jean-Baptiste (1566-1570)

Deux  autres œuvres d’une grande délicatesse tempèrent la religiosité de la salle.  La Dame à la licorne de Raphaël accroche le regard par l’étrangeté de la licorne mais également la beauté des multiples détails vestimentaires. L’Enlèvement d’Europe propose une vision conforme au mythe et  régale l’œil d’un répertoire d’expressions des visages et des bras.

Raphaël – La Dame à la licorne (1506)

Le Cavalier d’Arpin – L’Enlèvement d’Europe (1603-1606)

Salle 3

La petite salle numéro 3 présente trois énigmatiques peintures de petit format qui mêlent mythologie et religiosité. Parmi celles-ci, Les Noces de Cana de Garofalo offre à nouveau un panorama d’expressions qui vont de l’émerveillement à l’incrédulité et à la peur face au miracle du changement de l’eau en vin.

Dosso Dori – Allégorie mythologique (1519)

Garofalo – Les Noces de Cana (1518)

Dominiquin – Sibylle (1517)

En face de l’entrée de la salle est accroché un monumental Moïse brisant les Tables de la Loi dont il est difficile d’apprécier les qualités en raison de l’exigüité du lieu.

Guido Reni – Moïse brisant les Tables de la Loi (1620-1625)

Salle 4

Une très petite salle 4 est dédiée aux portraits. Le  Portrait d’homme de Lorenzo Lotto présente un gentilhomme élégamment vêtu de noir, la main droite posé sur une minuscule tête de mort, un « memento mori », avec au dessus un paysage où l’on aperçoit un Saint George terrassant le dragon. Autant d’énigmes proposées au regardeur… 

Lorenzo Lotto – Portrait d’homme (Mercurio Bua ) (1535)

Un autre Portrait d’homme d’Antonello da Messina, coiffe noire et robe rouge, sourit finement au visiteur qu’il regarde directement.

Antonello da Messina – Portrait d’homme (1476)

Parmesan – Portrait d’homme (1528)

Salle 5

La salle suivant numéro 5 ne comporte que des œuvres religieuses du XVIème siècle. Sainte Famille, Vierges à l’Enfant, Christ… Parmi celles-ci, – L’Adoration des bergers de Jacopo Bassano et la Vierge à l’Enfant avec saint Jean-Baptiste enfant d’Andrea del Sarto rivalisent de grâce, de délicatesse et de douceur.

Jacopo Bassano – L’Adoration des bergers (1553-1554)

Annibal Carrache – Sainte Famille (1605)

Lorenzo Lotto – Vierge à l’Enfant avec les saints Ignaced’Antioche ( ?) et Onuphre (1508)

Andrea del Sarto – Vierge à l’Enfant avec saint Jean-Baptiste enfant (1517-1518)

Giulio Romano – Vierge à l’Enfant avec Jean-Baptiste enfant (1512-1513)

Andrea Solario – Le Christ portant la Croix (1510-1514)

Salle 6

Le petit couloir numéro 6 familiarise en images le visiteur avec Scipion Borghèse, collectionneur et pape, regroupant ses trésors dans sa villa de Rome.

Johann Wilhem Baur – Vue de la Villa Borghèse (1636)

Marcello Provenzale – Portrait du Pape Paul V (1631)

Edme Bouchardon – Buste de Scipion Borghèse vu de face (1729-1730)

Salle 7

L’avant dernière salle 7 comporte des œuvres à thème religieux. Parmi celles-ci, deux héroïnes bibliques,  une Suzanne et les vieillards de Rubens et une Judith et Holopherne de Giovanni Baglione, expriment toutes deux sur fond de clair-obscur caravagesques vertu et courage. La représentation de la force physique et morale masculine s’exprime de la même manière dans les Samson enchainé d’d’Hannibal Carrache et La Flagellation du Christ du Titien.

Rubens – Suzanne et les vieillards (1606-1607)

Giovanni Baglione – Judith et Holopherne (1608)

Hannibal Carrache – Samson enchainé (1594)

Giovanni Baglione – Ece homo (1606)

Titien – La Flagellation du Christ (1568)

Salle 8

La dernière salle 8 est consacrée aux personnages féminins en vogue au XVIème siècle. Outre l’expression de la connaissance des textes fondateurs,  une majorité de ces œuvres sont un prétexte pour faire la preuve de la dextérité de l’artiste  à exprimer l’érotisme et à rendre tout sujet à la fois, paysages, fleurs, natures mortes, animaux, textiles, bijoux, coiffures, etc.

Raphaël –  La Fornarina (1520)

Andrea del Brescianino – Vénus avec deux amours (1520-1530)

Michele di Ridolfo del Ghirlandaio – Léda (1565-1570)

Michele di Ridolfo del Ghirlandaio – Lucrèce (1560-1570)

Ainsi, Psyché et l’Amour de Jacopo Zucchi en est-il un parfait exemple. Autre exemple, la Léda Borghèse, copie de l’œuvre perdue de Léonard de Vinci. La Vénus bandant les yeux de l’Amour du Titien offre une lecture savante du texte mythologique, mêlant Vénus, Eros, Anti-Eros,  Diane, tout en présentant des portraits, paysage, coiffures sophistiquées, textiles raffinés, bijoux, etc.

Jacopo Zucchi – Psyché et l’Amour (1589)

(d’après) Léonard de Vinci – Léda et le cygne (1517

Titien – Vénus bandant les yeux de l’Amour (1565)

Le visiteur émerge émerveillé de cette plongée dans l’esthétique de la Renaissance. Il perçoit les trois principales sources d’inspiration, la religion, la mythologie et la représentation de la figure humaine exprimées dans une pluralité de manière de peindre.

Bien que victime de son intérêt – affluence des visiteurs dans des espaces restreints, visibilité sans recul des grands formats, interactions entre les tableaux peu perceptible – cette magnifique exposition est à ne pas manquer !

 Le cardinal Scipione Borghèse, un collectionneur avisé et impitoyable

Scipion Borghèse (1577–1633)  figure parmi les grands mécènes  du XVIIe siècle. Son palais romain, la Villa Borghèse, fut conçu comme l’écrin idéal pour son extraordinaire collection d’œuvres d’art. Neveu du pape Paul V, son oncle le fit cardinal. A eux deux, ils constituèrent par tout moyen, achat, saisie, voire vol, le plus remarquable ensemble d’œuvres contemporaines allant du  XVème au XVIIème siècle. Pour l’anecdote, le pape Paul V n’hésita pas à confisquer la centaine de pièces de la  collection du Cavalier d’Arpin, l’accusant de ne pas s’être acquitté des taxes pontificales. Scipion Borghèse  s’empressa de placer les œuvres dans la villa Borghèse qu’il avait fait construire.

Courtes biographies d’artistes de la Renaissance du XVème au XVIIème siècle

BERNIN (1598-1680)

Autoportrait de Gian Lorenzo Bernini (1623), Galerie Borghese, Rome (source Wikipedia)

Sculpteur, architecte et peintre de la période de la Renaissance.

Particulièrement apprécié de son vivant, il fut le protégé de la papauté, et notamment du pape Borghèse Paul V. Il fut l’architecte de la place Saint Pierre ou de la fontaine de la piazza Navona à Rome. Artiste très prolifique, ses œuvres, ses sculptures notamment, sont souvent spectaculaires, particulièrement vivantes et dynamiques jusqu’à l’illusion.

BOTTICELLI (1445-1510)

Autoportrait de Botticelli, vers 1475. Détail de L’Adoration des mages, Galerie des Offices, Florence. (source Wikipedia)

Peintre important de la Renaissance florentine, il est sous la protection des Médicis. Imprégné de l’esprit humaniste et de la culture classique de son époque, il peint des toiles et fresques parmi les plus appréciées. Empreinte d’une esthétique délicate, ses œuvres comme la Naissance de Vénus, ou Le printemps ont fait sa célébrité.

CARAVAGE (1571-1610)

Le Caravage, craie sur papier par Ottavio Leoni, vers 1621, Florence, bibliothèque Marucelliana (source Wikipedia)

Personnage complexe, Caravage connut très rapidement un vif succès. Peintre particulièrement  apprécié,  il reçu de nombreuses commandes dès le début de sa carrière. Il exerça une forte influence sur les artistes de son temps et fut à l’origine du mouvement caravagesque qui se répandit dans toute l’Europe. Malgré son immense succès, son tempérament brutal et querelleur l’entraîne dans des démêlés avec la justice qui le poussera à l’exil et provoquera sa mort prématurée.

RAPHAËL (1483-1520)

Autoportrait de Raphaël, 1504-1506, Galerie des Offices, Florence. (source Wikipedia)

Peintre majeur de la Renaissance, il est considéré comme l’artiste qui incarne parfaitement l’esprit de la Renaissance.  Peintre savant et talentueux, il connait très vite une forte notoriété et reçoit des commandes de toute origine, religieuse ou privée. A partir de 1508, il va décorer les appartements du Pape au Vatican et produira notamment la fresque de L’Ecole d’Athènes.

RUBENS (1577-1640)

Autoportrait de Rubens, vers 1638, Musée de l’histoire de l’art de Vienne, Autriche. (source Wikipedia)

Peintre du Nord de l’école baroque flamande, il est à l’origine d’une grande production artistique et travaille avec l’aide d’un important atelier. On lui attribue la réalisation de plus de 1400 tableaux. Il séjourne en Italie où il va rencontrer les plus grands artistes de la Renaissance qui exerceront sur lui une forte influence. Il connaitra une immense célébrité dans toute l’Europe grâce à la circulation de gravures reproduisant  de ses œuvres.

TITIEN (1485-1576)

Autoportrait de Titien, 1550-1555, Musée d’Etat de Berlin, Allemagne. (source Wikipedia)

Peintre majeur  vénitien, grand maître de la Renaissance, portraitiste accompli, il est le maitre d’oeuvres d’une importante production. Il rencontre l’empereur Charles Quint et devient son peintre attitré à partir de 1530. L’empereur lui accorde le titre de Conte Palatino et Cavaliere dello Sperone d’Oro, un honneur exceptionnel pour un artiste. L’œuvre de Titien est célébrée dans toute l’Europe, il laissera une forte empreinte sur la manière de peindre d’innombrables artistes.

VERONESE (1528-1588)

Autoportrait de Véronèse, 1558-1563, Musée de l’Hermitage, Saint-Pétersbourg, Russie. (source Wikipedia)

Peintre vénitien, connu pour son talent illusionniste, ses trompe-l’œil et sa palette subtile, Véronèse produit une œuvre raffinée et majestueuse.  Très apprécié par l’église et les notables, il produit dans la dernière partie de sa vie sa célébrissime fresque, Les noces de Cana, qui mesure plus de 10 mètres et comprend plus de cent personnages.

Léonard de VINCI (1452-1519)

Autoportrait à la sanguine, vers 1515 (source Wikipedia)

Artiste complet, peintre, sculpteur, architecte, homme de sciences, incarne l’universalisme.

Il a exercé une forte influence sur l’art occidental et ses œuvres, telles que La JocondeSaint Jean Baptiste, ou la fresque de la Cène comptent parmi les œuvres les plus prisées et célèbres de la Renaissance.

Le Musée Jacquemart-André, une histoire de collectionneurs avisés

Nélie Jacquemart – artiste de famille modeste – et Edouard André – issu d’une famille de banquiers – sont un couple de collectionneurs du dernier quart du XIXème siècle. Edouard André fait construire un somptueux hôtel particulier sur le tout nouveau boulevard Hausmann en 1869. A partir de 1882, le couple effectue un voyage en Italie et au Moyen-Orient. Il accumule les acquisitions d’œuvres qui constitueront leur collection dont l’écrin est l’hôtel Jacquemart-André. Après la mort de son mari en 1894, Nélie poursuit ses voyages pour  enrichir sa collection. A sa mort en 1912, Nélie lègue ses biens à la Fondation de France, avec la volonté d’en faire un musée. Ce musée ouvre ses portes en 1913 et connait immédiatement un vif succès avec un important visitorat.

En 2023 le musée Jacquemart-André s’est engagé dans une importante restauration. La cour a été pavée et ornée de larges parterres fleuris. La salle à manger, le fumoir et le jardin d’hiver ont été  réhabilités de fond en comble, ameublement, boiseries, marbres, cheminées et verrière compris. L’escalier à double volute a suivi le même processus, de même que le magnifique décor de Tiepolo.

Après 14 mois de travaux, le Musée rouvre ses portes à l’automne 2024 avec le véritable évènement que constitue l’exposition de plus de 40 chefs-d’œuvre de la collection Borghèse. Le succès ne se fait pas attendre et les visiteurs sont au rendez-vous.