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Jean HELION, la prose du monde

Une œuvre évolutive à contre-courant

La présentation, parfaitement chronologique, éclaire l’évolution artistique d’Hélion, peintre modeste mais ambitieux, qui va mener courageusement sa création artistique à contre-courant des tendances de son époque, en allant de la stricte abstraction géométrique à la pure figuration, tout en maintenant un dialogue, un va-et-vient permanent, entre abstraction et figuration.

L’atelier (1953)

Une exposition centrée sur l’itinéraire du peintre

Pour illustrer la transition entre abstraction et figuration, l’exposition propose sept courtes vidéos d’entretiens avec Hélion, qui rendent plus intelligible sa vision intérieure quant à la relation intrinsèque entre ces deux styles.

Une galerie d’autoportraits signifiants

Autoportrait (1953)

Hélion, ayant perdu progressivement la vue au cours des dernières années de sa carrière, a continué à peindre jusqu’à la fin de sa vie. L’exposition met en lumière cette détermination à travers une série d’autoportraits significatifs, témoignant des différentes étapes de son parcours artistique.

Parmi les œuvres présentées figurent Le Peintre demi-nu (1945), Autoportrait (1953), Self ou dans un miroir  (1958), Autoportrait (planche) (1959), Festival d’automne à l’atelier, Autoportrait (1980), R … pour requiem, Requiem 2 et Grand autoportrait (1981).

Connu, reconnu, écarté, oublié, réhabilité

Tensions rouges (1933)
La jeune fille et le mort (1957)
Nature morte à la flaque d’eau (1944)
Homme au chapeau et femme à la fenêtre (1944)

Bien que l’œuvre d’Hélion ait joué un rôle déterminant aux États-Unis dans les années 1930, elle est restée longtemps méconnue en France.

Composition orthogonale (1930)

En perpétuelle évolution, son œuvre témoigne du dynamisme et de la force de créativité du peintre. Elle a néanmoins eu pour conséquence de déconcerter les amateurs et  les collectionneurs qui vont s’en détourner. Incompris de beaucoup, il sera même qualifié de « naturaliste » par Mondrian dont il avait été si proche. Aujourd’hui, le Musée d’Art Moderne de Paris rend hommage à Jean Hélion et tente de rendre compte de ses soixante années de production artistique – peintures, dessins mais également écriture – en mettant en exergue son ancrage esthétique, intellectuel et politique pour mieux faire comprendre son itinéraire original et courageux.

Jean Hélion et ses œuvres

De 1924 à 1940 environ…

Jean Hélion, de son nom de naissance Jean Bichier , nait en 1904 en Normandie dans une famille modeste et meurt en 1987 à Paris

1920      études de chimie à Lille

1921      il suit des cours de dessin d’architecture à Paris, s’installe à Montmartre, commence à peindre professionnellement et expose à la « Foire aux croutes » de la place Constantin-Pecqueur.

1925      premières ventes régulières au collectionneur Georges Bine

1928      il s’installe à Montparnasse et découvre Piet Mondian et son néo plasticisme, Fernand Léger et de Theo van Doesburg qui exercent une influence déterminante sur ses œuvres de l’époque, en témoigne Composition orthogonale (1929-30).

1930      il prend une part active dans le mouvement de « l’Abstraction géométrique » et participe au groupe « Art concret » aux cotés de Giacometti, Arp, Erst, Calder, Duchamp. A cette époque il exprime son orientation artistique pour une stricte géométrie dans Composition orthogonale (1930).

                Il séjourne deux mois et demi en URSS où l’absence de liberté le révolte et le détourne de la propagande communiste

1931      il fonde avec Arp, Gleizes, Herbin, Kupka, Van Doesburg, Robert Delaunay le groupe « Abstraction création »

1932      il part aux Etats-Unis avec Calder, épouse l’américaine Jean Blair et entame un va-et-vient entre la France et les Etats-Unis

il expose à la galerie Pierre Loeb , Composition (1932)

il publie le premier numéro de la revue Abstraction-Création avec un article de sa main

1933      il abandonne le formalisme géométrique et introduit des courbes dans ses créations comme dans son tableau Equilibre ou Tensions rouges

1934      une exposition personnelle lui est dédiée à New York avec notamment Composition (1934)

                Il s’installe aux Etats-Unis où il restera plusieurs années pendant lesquelles il devient le précurseur de l’abstraction

1939      il produit simultanément sa dernière œuvre abstraite La figure tombée (avril-septembre 1939) et sa première peinture figurative, Au cycliste

La même année, il initie la série de têtes d’homme avec chapeau, Emile, Edouard, Charles,  … composées de volumes, ainsi que le thème du parapluie, Nature morte au parapluie, très présent tout au long de l’œuvre d’Hélion

De 1940 à 1960…

1940      la déclaration de guerre l’arrête dans son élan, il rentre en France pour s’engager dans l’armée, en juin il est capturé et interné dans un camp en Allemagne, il s’évade en 1942 et rentre aux Etats-Unis où il dénonce publiquement le nazisme, il publie le récit de sa captivité et de son évasion dans son livre They Shall not Have Me qui connait la notoriété.

Il expose à la galerie Art of this Century ouverte par Peggy Guggenheim. Il termine des œuvres figuratives qu’il avait commencées avant 1940 et peint de nouveaux hommes au chapeau,  Homme à la face rouge, Homme à la joue rouge, Homme au chapeau, Le trio

Il épouse Pegeen Guggenheim, la fille de Peggy Guggenheim

1944      il s’installe à New York où il retrouve ses vieux amis réfugiés aux États-Unis, Breton, CalderErnst, Léger, Mondrian , Tanguy,  André Masson ;

il peint beaucoup, des natures mortes,  des portraits, des nus, des vitrines, des scènes imaginaires, la rue newyorkaise, L’escalier, Homme au parapluie et femme à la fenêtre, Nature morte à la flaque d’eau, Mannequinerie, Les salueurs (1945), Salueur à la vitrine, la série des Allumeur

1946      il rentre définitivement en France, il peint Femme accoudée, Nu renversé, Les trois nus

1947      il consacre désormais sa création à une figuration tantôt pure, tantôt symbolique voire allégorique, aux lignes simples ; il expose A rebours  dont la lecture de gauche à droite semble résumer son parcours artistique des abstractions des années 1930 aux nus de l’année 1946

1948      année où apparait le thème de la citrouille qui sera dorénavant récurrent, La belle étrusque (Le porteur de citrouille) ou Nature morte à la citrouille qui dans ces premières représentations est associé à deux objets, le parapluie et le journal plié, représentés dès 1939 ; autres thèmes récurrents représentés sur un mode distancé, des figures humaines, nus féminins et hommes fumeurs ou lecteurs de journal Grande scène journalière

1950      dans cette décennie, il se focalise sur des sujets inspirés du quotidien, chapeaux, parapluies, natures mortes, fleurs, objets chinés au marché aux puces, ces œuvres ne rencontrent pas un accueil favorable.

1953      il propose deux tableaux – Le gouter et L’atelier –  qui mettent littéralement en scène son œuvre, son quotidien et sa démarche artistique

1957      avec La jeune fille et le mort, le peintre entame le thème des vanités où des crânes côtoient des personnages ou des objets quotidiens, comme dans Quatuor en 1958-59 

A partir de 1960…

1960      Apparait avec Les toits (1960)  le nouveau thème des toits qu’il voit chez lui et qui le ramène à l’abstraction et aux volumes géométriques de ses années de jeunesse

1965      alors qu’il se concentre sur la représentation de la vie de la ville, avec La voiture de fleurs et le boucher (1964), Choses vues en mai (1969), Métro (1969)le peintre commence à perdre la vue et introduit le thème des aveugles à canne blanche qui va devenir récurrent, tel Le triptyque du dragon (1967) qui constitue une narration continue métaphorique de son œuvre et de sa vie.

1970      dynamisé par les évènements de mai 1968, le peintre « continue à peindre pour voir clair » selon sa formule et affirme dans la décennie ses convictions politiques dans plusieurs œuvres, Suite pour le 11 novembre et Suite pour le 11 novembre, lamento  (1976)

Jugement dernier des choses (1978-79)

L’œuvre  Jugement  dernier des choses (1978) annonce dans une méditation  l’épilogue du cheminement artistique du peintre, les vanités Suite vaniteuse à l’atelier et Portrait de famille (1982), suivi de Chute libre (1983) sont les dernières productions du peintre qui perd définitivement la vue en 1983.

Le triptyque du dragon (1967)
Choses vues en mai (1969)