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PARIS 1874, inventer l’impressionnisme

Pour célébrer le 150e anniversaire de la première exposition des impressionnistes, le Musée d’Orsay a présenté « Paris 1874 : Inventer l’Impressionnisme ». Cette exposition plonge le visiteur dans le contexte politique et artistique du dernier quart du XIXe siècle, décryptant pour lui l’émergence du mouvement impressionniste et ses enjeux esthétiques et sociétaux.

Cent soixante œuvres réalisées sur une période de 10 ans, se confrontent, se rapprochent et s’opposent. Elles mettent en lumière le divorce entre le courant académique issu des normes et valeurs des XVIIe et XVIIIe siècles et le mouvement novateur qui émerge en cette fin de XIXe siècle, et qui ouvrira la voie au modernisme du XXe siècle.

À travers une approche chronologique, l’exposition  puise aux racines de l’impressionnisme et traite tout d’abord la période tumultueuse de 1870, marquée par les horreurs de la guerre et de la Commune, jusqu’à la fin de la décennie.

Deux salons simultanés à Paris en 1874

Au printemps 1874, Paris accueille simultanément deux salons majeurs : l’exposition des impressionnistes et celle du Salon officiel au Palais de l’Industrie.

La première, organisée par la « Société anonyme des artistes, peintres, sculpteurs et graveurs », se tient dans les locaux du photographe Nadar boulevard des Capucines à partir du 15 avril. Ce salon présente 165 œuvres de styles et sujets variés mais tous ancrés dans le quotidien, la modernité et la subjectivité. Plus de trente artistes présentent leurs créations, dont Monet, Renoir, Degas et Pissarro. Parmi les œuvres exposées, on retrouve Les Coquelicots et Impression, soleil levant de Monet, La Maison du Pendu de Cézanne, La Répétition de Ballet de Degas, et Le Berceau de Berthe Morisot. Bien que l’exposition attire 3 500 visiteurs, les ventes sont peu nombreuses, mais la notoriété de certains artistes en sort renforcée..

La maison du pendu, Paul Cezanne (1873)
Répétition d’un ballet sur la scène, Edgar Degas (1874)
Le berceau, Berthe Morisot (1872)

3500 visiteurs curieux parcourent l’exposition mais concluent très peu de ventes. Le bilan financier de cette opération s’avère déficitaire même si la notoriété de certains artistes s’en trouve accrue.

Coquelicots, Edouard Manet (1873)
Satyre jouant avec une bacchante, Henri Gervex (1874)

Le Salon officiel, ouvert au Palais de l’Industrie le 3 mai, expose les œuvres sélectionnées par un jury de la Direction des Beaux-Arts. Avec près de 2000 tableaux et sculptures, ce salon offre une vue d’ensemble des tendances académiques de l’époque. Les œuvres sont accrochées côte à côte serrées sur deux rangées superposées, mêlant grands et petits formats, scènes religieuses, mythologiques, historiques, orientalistes, portraits et paysages. . L’exposition au Musée d’Orsay recrée cette atmosphère dans le cadre d’un accrochage en « patchwork » avec des pièces telles que La Mort du Premier-Né du Pharaon de Lawrence Alma Tadema, Ida de Mary Cassatt, et L’Éminence Grise de Jean-Léon Gérôme. Le tableau Le Salon de 1874 de Camille Cabaillot-Lassalle offre un aperçu de la mondanité et de l’accrochage des œuvres..

Accrochage sur le modèle du Salon de 1874, dans l’exposition 2024
Ida, Mary Cassatt (1874)
Le Salon de 1874, Camille Cabaillot-Lassalle (1874)

Impact du mouvement Impressionniste

Les Salon(s) sont des évènements prisés où se presse un visitorat d’un millier de personnes chaque jour. C’est là que les artistes acquièrent une reconnaissance de leurs pairs des Beaux-arts ainsi que du public, là où ils recueillent des commandes, là où ils construisent leur réputation et leur succès.

Certains, comme Manet, choisissent de rester dans le giron de l’art officiel pour sécuriser leur succès commercial.  Il refuse de participer à l’évènement des impressionnistes pour pouvoir Présenter au Salon son tableau Le chemin de fer. D’autres, parviennent à trouver des points de convergence en traitant des sujets sociaux sous couvert d’un message moralisateur et à faire admettre au Salon des œuvres dont les thèmes sont plus contemporains, telle La blanchisseuse de lin de Jules Emile Saintin ou Splendeur d’Ernest Duez.

Le chemin de fer, Edouard Manet, 1873
Fleurs et objets divers, Henri Fantin-Latour, Salon 1874
Portrait de Madame … , dit La femme au parapluie, Jean-Jacques Henner,1874

Le mouvement d’affranchissement initié par les impressionnistes en 1874 marque un tournant décisif. De plus en plus d’artistes revendiquent leur liberté artistique et leur droit à une expression personnelle.

Sept expositions suivront celle de 1874, dont celle de 1877, affirmant clairement l’appartenance au genre impressionniste. La dernière salle de l’exposition du Musée d’Orsay rend hommage à cette affirmation avec un accrochage de tableaux rendant compte de scènes de la vie quotidienne, incluant Un Coin d’Appartement de Claude Monet, Le Bal du Moulin de la Galette d’Auguste Renoir, et Peintres en Bâtiment de Gustave Caillebotte.

La gare Saint Lazare, 1877, Claude Monet
Un coin d’appartement, Claude Monet, 1877, Troisième exposition impressionniste, 1877
Bal du Moulin de la Galette, 1876, Auguste Renoir
Peintres en bâtiment, Gustave Caillebotte, 1877

Une impression d’Inachevé : l’exposition se termine de manière abrupte. Une dernière salle aurait pu offrir une réflexion sur l’impact durable de ce mouvement majeur et démontrer, à travers des œuvres du XXe siècle, comment l’impressionnisme a ouvert la voie à l’art moderne. Cela aurait permis aux visiteurs de mieux comprendre l’héritage profond et continu de ce moment crucial de l’histoire de l’art.

Autres œuvres

La repasseuse, Edgar Degas, 1869 (1ère expo impressioniste)
Le boulevard des Capucines, Claude Monet, 1873-1874 (1ère expo impressioniste)
La loge, Auguste Renoir, 1874 (1ère expo impressioniste)
La lecture, 1873, Berthe Morisot (1ère expo impressioniste)
Le Havre, bateaux de pêche sortant du port, Claude Monet,1874 (1ère expo impressioniste)
Pommiers en fleurs -Louveciennes, 1872, Alfred Sisley (1ère expo impressionniste)

Les artistes de l’Impressionnisme

L’impressionnisme, né en France dans les années 1870, a révolutionné la peinture en introduisant une nouvelle manière de percevoir et de représenter le monde. En se détachant des conventions académiques de leur époque, les artistes impressionnistes ont mis l’accent sur la lumière, les couleurs et les impressions fugitives de la nature et de la vie moderne. Voici un aperçu des figures majeures de ce mouvement qui ont marqué l’histoire de l’art.

Claude Monet (1840-1926)

Considéré comme le père de l’impressionnisme…. (cliquer pour lire la suite)

….Claude Monet est célèbre pour ses séries de peintures capturant les variations de lumière et de couleur sur des sujets tels que les Nymphéas, la Cathédrale de Rouen et les Meules de foin. Son tableau Impression, soleil levant (1872) a donné son nom au mouvement et illustre sa maîtrise de l’effet de la lumière sur le paysage.

Pierre-Auguste Renoir (1841-1919)

Renoir est connu pour ses scènes joyeuses et lumineuses de la vie parisienne …. (cliquer pour lire la suite)

….ses portraits, et ses paysages. Ses œuvres se distinguent par leur usage vibrant de la couleur et leur texture fluide. Des tableaux comme Le Bal du Moulin de la Galette et Les Baigneuses illustrent son style distinctif et son amour pour la représentation des figures humaines et les moments de bonheur.

Edgar Degas (1834-1917)

Degas, bien que souvent associé à l’impressionnisme …. (cliquer pour lire la suite)

….. se distingue par son approche unique. Il est particulièrement connu pour ses représentations de danseuses de ballet, comme dans La Classe de danse, mais aussi pour ses scènes de la vie urbaine et ses portraits. Degas utilise souvent des compositions innovantes et des angles de vue peu conventionnels pour capturer la dynamique et l’intimité de ses sujets..

Camille Pissarro (1830-1903)

Pissarro est l’un des piliers de l’impressionnisme…. (cliquer pour lire la suite)

….. participant à toutes les expositions impressionnistes. Ses œuvres capturent la vie rurale et urbaine avec une sensibilité particulière pour les effets atmosphériques et la lumière naturelle. Ses tableaux comme Boulevard Montmartre et La Moisson reflètent son intérêt pour la modernité et son profond lien avec la nature..

Alfred Sisley (1839-1899)

Sisley, d’origine anglaise mais actif en France…. (cliquer pour lire la suite)

…..est surtout connu pour ses paysages tranquilles et poétiques, comme Inondation à Port-Marly et La Seine à Bougival. Il excelle à représenter les effets de la lumière et des saisons sur la campagne française, offrant des scènes empreintes de sérénité et de beauté naturelle..

Berthe Morisot (1841-1895)

Morisot est l’une des rares femmes impressionnistes…. (cliquer pour lire la suite)

….. et une figure clé du mouvement. Elle se concentre sur les scènes domestiques et les portraits, utilisant une palette délicate et des coups de pinceau légers pour capturer l’intimité et la féminité. Des œuvres comme Le Berceau et Jeune Femme en toilette de bal illustrent son talent pour dépeindre les subtilités de la vie quotidienne avec finesse et sensibilité..

Mary Cassatt (1844-1926)

Américaine de naissance, Cassatt s’installe à Paris…. (cliquer pour lire la suite)

….. et devient une figure majeure de l’impressionnisme. Elle est particulièrement connue pour ses représentations de femmes et d’enfants, comme dans Le Bain et Petite Fille dans un fauteuil bleu. Son travail se distingue par son sens aigu de la composition et son exploration des relations familiales avec une profonde empathie.

Ces artistes, parmi d’autres, ont formé un mouvement qui a transformé l’art en mettant l’accent sur la perception directe et la spontanéité. Leur héritage continue d’influencer l’art contemporain, témoignant de la force et de la pertinence durable de l’impressionnisme.